#1 La différence entre sobriété choisie et sobriété d’urgence
Eva Sadoun, présidente de LITA.co, et Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project, ont planté le décor en ouverture de cette journée avec le thème “Sobriété d’urgence ou planifiée : même combat ?”.
L’occasion pour Jean-Marc Jancovici de rappeler que la sobriété c’est se priver délibérément d’un service ou d’une ressource pour l’économiser. Dans ce cas, la sobriété est choisie, planifiée et peut même être désirable. Mais attention cependant de ne pas tomber dans l’écueil d’une sobriété ponctuelle, d’urgence.
Si cette sobriété n’est pas choisie, cela s’appelle la pauvreté.
Jean-Marc Jancovici
#2 Il ne faut pas avoir peur d'oser
Jean-Marc Jancovici a conclu sa prise de parole par un message encourageant et positif à destination de l’auditoire : les citoyen·nes et entrepreneur·euses ne doivent pas avoir peur d’oser avant même que le cadre politique le permette.
Il faut continuer à oser car, selon lui, en démocratie les changements s’opèrent après que des personnes pionnières arrivent avec de nouvelles bonnes idées qui apparaissent ensuite nécessaires pour une grande partie de la population, ce qui pousse le monde politique à s’en emparer et à agir en réaction.
Chez Wiser Impact nous partageons aussi cette conviction : N’attendons pas que tous les voyants soient au vert, osons et montrons l’exemple pour atteindre plus rapidement le point de bascule social !
#3 Repenser la gouvernance
La présence de nombreuses coopératives dans les conférences était très inspirante pour illustrer d’autres modèles de gouvernance avec une plus grande représentativité des intérêts des parties prenantes de l’entreprise.
Deux coopératives ont particulièrement retenues notre attention :
- Label Emmaüs s’inscrit dans le paysage du e-commerce, comme un véritable contre-modèle. C’est une coopérative qui appartient aussi bien à ses salarié.es, qu’au Mouvement Emmaüs, qu’à ses partenaires, qu’aux citoyens, ou qu’aux vendeurs de la Marketplace. Ce sont plus de 1000 sociétaires qui prennent les décisions
ensemble afin de faire passer l’intérêt collectif avant le profit. - TeleCoop, le premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et solidaire pour
permettre à chacun.e de se réapproprier ses usages numériques. TeleCoop a été fondée en tant que SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) et appartient à ses sociétaires, c’est-à-dire à ses clients et à ses partenaires. Ce statut garantit également le principe de lucrativité limitée de la structure : la coopérative se développe en premier lieu pour servir ses objectifs environnementaux et sociaux. Depuis le lancement de son offre mobile en toute fin d’année 2020, TeleCoop compte 5000 abonné.es et 800 sociétaires.
#4 “Il faut accélérer les raison d’être et les sociétés à mission”
Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie clôturait son intervention par un voeux d’accélérer le mouvement des raisons d’être et des sociétés à mission. Pour celui qui était en 2018, rapporteur général pour le projet de loi PACTE, beaucoup d’entreprises ont passé le cap mais il faut accélérer le mouvement.
#5 La transition sera juste ou ne sera pas
Nadia Maïzi, une des co-autrices du 6° rapport du GIEC parmi 800 scientifiques, rappelait à l’auditoire que “le réchauffement climatique ne fait qu’accroître les inégalités déjà présentes”.
L’occasion de mettre en avant un des enseignements clé du 6ème rapport du GIEC : tout le monde ne pollue pas autant, ni de la même façon. L’inégalité est donc une donnée essentielle, préalable à toute politique publique de lutte contre le réchauffement climatique.
Les 10% les plus riches consomment 6 fois plus que les 50% les plus pauvres.
Nadia Maïzi
#6 S’inspirer de la nature avec la perma-entreprise
Une intervention a particulièrement résonné pour nous, celle de Thomas Huriez, président de 1083. Son créneau ? Régionaliser l’industrie textile avec des jeans fabriqués à moins de 1083 km, quand un jean standard parcourt en moyenne 6000 km.
Sa boussole personnelle l’oriente vers plus de sobriété tout en appliquant les principes de la perma-industrie. “Dans la nature quoi qu’il arrive, elle est vivante, elle est toujours à l’équilibre, sans déchets superflus avec des écosystèmes interdépendants qui s’entraident. C’est le principe de perma-industrie que l’on suit. On organise notre industrie en
complémentarité des uns et des autres, se nourrissant mutuellement et se protégeant mutuellement, afin de créer une filière robuste».
Une belle métaphore pour résumer la manière dont 1083 collabore dans son écosystème : “L’objectif ce n’est pas de créer une chaîne d’approvisionnement traditionnelle mais une cotte de maille”.
#7 Le rôle des marques de mode dans l’élan vers la sobriété
Avec 50 000 jeans vendus en 2021 pour un marché de 8 millions de jeans en France, 1083 n’entend pas être leader du marché. Au contraire, l’entreprise souhaite que ses clients consomment moins de jeans et les invite à la sobriété.
1083 revendique l’objectif de voir le marché du jean diminuer. Pour cela ils sont convaincus que “seules les marques peuvent donner envie aux gens de moins consommer car une marque touche à l’identité. Il faut passer par l’émotionnel de la marque pour toucher l’individu et lui donner envie d’être plus sobre dans sa consommation.”

#8 Piqûre de rappel sur le Pacte vert européen
Depuis maintenant trois ans le Green Deal ou Pacte vert européen est au cœur de l’action européenne et devient peu à peu une réalité tangible dont les conséquences seront bientôt massives pour tous les acteurs économiques.
La conférence à laquelle nous avons assisté opposait 2 députés européens à la vision différente sur le niveau d’ambition de l’Union Européenne. Cet échange était l’occasion d’une mise au point sur les implications de ce Green Deal. Il est constitué d’une cinquantaine de lois qui changent ou qui vont changer dans l’objectif de faire de l’Europe un continent climatiquement neutre en 2050.
Une première échéance a été votée pour 2030 : une réduction des émissions de gaz à effet de serre, au sein de l’Union européenne, d’au moins 55% en par rapport aux niveaux de 1990.

Une récente mesure entend participer à cet objectif de neutralité carbone : l’interdiction de vendre des voitures neuves équipées de moteurs thermiques à partir de 2035 au sein de l’UE.
D’autres textes devraient suivre et être débattus au Parlement Européen : l’élargissement du marché carbone européen (transport routier et chauffage résidentiel), un mécanisme d’ajustement des émissions carbone aux frontières, la mise en place d’un fond social pour le climat et des actions pour les puits de carbone européens.
#9 L’importance des nouveaux récits pour donner envie
“Quand on parle de viser la sobriété ou encore de neutralité carbone en 2050, c’est loin aujourd’hui ça ne parle pas à grand monde” indique Anaïs Voy-Gillis (PhD, Chercheuse Industries & Réindustrialisation). “Pour la majorité des entreprises, il est difficile de se projeter sur le long terme, le pilotage quotidien prime avant ces objectifs de sobriété lointains.”
Pour y remédier, selon elle “il faut construire un projet de société qui nous rapproche, un futur désirable, des nouveaux récits de réussite ou de bonheur. Se poser la question de à quoi on rêve collectivement ?”.
#10 “It is not the time to give up and competition, it is the time to cooperate.” Paul Polman
Pour clôre nos 10 inspirations des UEED, on retient la phrase de Paul Polman qui fait mouche et fait écho à la philosophie du mouvement B Corp™. Bon résumé – selon nous – de l’état d’esprit de ces Universités d’Été de l’Économie de Demain : des acteurs économiques engagés réunis pour progresser ensemble sur le chemin de l’entreprise sobre et continuer à agir dans un esprit de coalition plutôt que de compétition.